VOYAGE
DE PÊCHE EN GUADELOUPE
(par
leterrie)
Depuis 3 ans maintenant,
nous partons avec Neoom (Johan pour ceux qui le connaissent) 2
semaines dans les Caraïbes avec notre matos de pêche
au bar. Les 2 premières années, nous étions
partis en Martinique; la pêche s'était faite essentiellement
du bord avec des hauts et des bas. Cette année, nous avions
loué les services d'un guide, Alexis Ducros, installé
depuis 3 ans là-bas. Nous espérions ainsi augmenter
le nombre des prises et surtout leur taille, sans perdre de temps
à prospecter.
Fin avril, la date du départ approche, les derniers préparatifs
avec. Nous avons décidé d'emmener chacun 2 ensembles
: une canne de 2m 10-30gr avec moulinet de taille 2500, c'est-à-dire
exactement le matériel utilisé pour le bar en kayak.
L'autre canne de taille 2.2m de puissance 15-65gr, avec un moulinet
de taille 4000, nous permettra de faire face aux pêches
aux gros leurres durs et souples.
Les leurres puisqu'on en
parle, ils composent la moitié du poids de ma valise...Alex
nous avait dit par mail :"prenez du gros et du petit...",
nous avions donc pris un peu de tout! Bon, il est vrai que nous
possédions déjà quelque best sellers découverts
lors des 2 séjours précédents en Martinique
: miss carna, bonnie 128, wander, water monitor, buster jerk...
Cette année, je
mise beaucoup sur les leurres souples, et c'est donc quelques
kilos de ces petites bestioles en tout genre qui viendront garnir
ma valise.
Le jour J arrive, mon programme
est plutôt chargé : départ de chez moi à
3h30 du matin pour être à l'aéroport de Nantes
vers 5h00. Là je prends un avion pour Roissy puis un car
pour rejoindre l'aéroport d'Orly. Enfin Neoom et moi prenons
un avion pour Pointe à pitre. Durée du vol : 8h.
J'ai vraiment une salle
tête en arrivant, il faut dire que ca fait presque 24h que
je suis debout (enfin assis...).
Alex nous rejoint à
notre location pour faire un point rapide sur le lendemain. Le
rendez vous est fixé à 4h00 du matin, soit 10h00
heure de Paris. Vous comprendrez que le décallage horaire
dans ce sens est facilement "digérable", et c'est
donc reposés que nous embarquons à bord du flat
boat d'Alex.
Notre terrain de jeu sera
le grand cul de sac marin, situé à l'ouest de "Grande
terre ", l'ile principale au nord de la Guadeloupe.




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un paysage typique
du grand cul de sac marin |
Nous mettons le cap rapidement sur une petite rivière bordée
de mangrove. Neoom et moi pêchons depuis la plate forme
avant du bateau, chacun lance au ras d’une des rives, l’un
en lancer coup droit, l’autre en revers. Cela fonctionne
plutôt pas mal car nous commençons à bien
nous connaître. Rapidement, le guide monte sur la plate
forme arrière du flat boat et nous passons d’une
propulsion moteur à une propulsion manuelle à la
perche.
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Alex en propulsion
"manuelle"... |
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on pêche
sans problème à 2 à l'avant du flat
boat. |
Alex nous demande de remonter
nos lignes, il vient d’apercevoir le long de branches de
bambou un groupe de 3 tarpons. J’aurai l’honneur d’être
le premier à pouvoir tenter ma chance sur ses poissons
à vue. Je monte sur les conseils du guide un freddy 145
gris noir. Premier lancer trop amont. Deuxième chance,
le leurre passe juste devant les poissons, Alex me dit «
stop », puis « vas-y », je m’exécute
en commençant l’animation, le leurre ondule sous
la surface et là je vois une masse énorme se décaler
et venir aspirer littéralement mon leurre. A ce moment,
je pense très fort : « mais comment vais-je pouvoir
remonter un tel poisson !!!! ». Ferrage, le poisson passe
rapidement à une dizaine de mètres du bateau, il
est énorme, je n’ai jamais vu de poisson aussi gros
de ma vie au bout de ma ligne. Puis, en une fraction de seconde,
il part dans une chandelle hallucinante, et je commets alors l’erreur
du débutant, à savoir garder la tension canne haute
sur un saut du poisson. La sanction est directe, le leurre est
expulsé violemment de sa bouche, et atterrit 3m derriere
moi alors que le poisson retombe dans un vacarme époustouflant
dans l’eau. Je reste figé quelques secondes, les
jambes tremblantes, alors que mes collègues poussent un
cri de stupeur devant la violence de cette attaque…

Nous mettons quelques minutes à retrouver notre calme après
ce moment épique. Les triples de mon leurre sont tous ouverts,
il s’agissait pourtant de triples ST 56 spécialement
achetés pour l’occasion. Je comprends alors qu’il
va falloir revoir l’équipement de toute ma boite
à leurres, enfin plutôt de ceux que j’utiliserai
le plus souvent car je n’ai pas un stock tres important
de triples suffisamment « costauds ». Ce poisson sera
estimé à environ 80-100 livres par Alex, soit entre
40 et 50 kg….
Nous continuons notre prospection et nous toucherons 2 carangues.
Ces poissons sont vraiment hallucinants, ils ne font pas de sauts
comme les tarpons mais ils ont une patate incroyable. Généralement
ils ne se rendent que quand ils sont épuisés, après
avoir livré un combat digne de ce nom. Mon saltiga game
3500 est pour le coup baptisé !


Plus loin, nous nous ferons couper quelques shads par des petits
barracudas. Impressionnant de voir votre shad coupé net
derrière l’hameçon…Un snook viendra
également se frotter de trop près à un shad
GT jaune chartreuse à queue rouge, environ 4 livres, mais
se décrochera juste avant de le sortir de l’eau.
Nous finirons cette journée en piquant 2 nouveaux tarpons
mais là encore ils finiront par se décrocher lors
d’une de leur enième chandelle. Ces poissons ont
un bouche composée de plaques osseuses et il est très
difficile de les piquer correctement, nous l’apprendrons
à nos dépends pendant une grande partie du séjour.
Le lendemain, nous commençons
la journée sur un poste à snook. Le snook (aussi
appelé brochet) est un poisson qui ressemble un peu au
sandre, avec une belle ligne latérale noire, des nageoires
jaunes et la gueule d’un bar. Il se pêche souvent
dans des fonds peu importants, et apprécie tout particulièrement
les fonds vaseux où il cherche crabes et poissons divers.
Sur ce poste, nous utiliserons des leurres souples, principalement
des shads et des fins.
La pêche se pratique à vue, et ce matin là
nous aurons la chance de repérer de nombreux poissons,
d’un poids compris entre 2 et 18 lbs, soit 1 à 9
kgs. Nous piquerons chacun 1 poisson, malheureusement décroché
pour moi, et d’environ 4 lbs pour Neoom. Plus tard, nous
regretterons de n’avoir pas pêché ce poste
à la mouche, technique visiblement la plus adaptée
à ce type de configuration.

Après cet intermède
prometteur, nous retournons sur le coin de la veille voir si nos
amis tarpons sont encore présents. Malheureusement nous
aurons moins de réussite et seul Neoom verra un gros tarpon
(env 100 lbs) surgir à qq mètres du bateau et manquer
l’attaque sur son shad GT blanc. Encore une fois, cette
attaque fera monter l’adrénaline sur le bateau, tellement
elle fut brusque !
Nous finirons la journée par des poste de bordure de mangrove,
où nous piquerons de nombreux petits barracudas (appelés
localement bécunes). Ce poisson ressemble énormément
au brochet européen, avec des couleurs argentées
, vertes et noires, et une dentition impressionnante. Les poissons
que nous piquerons sur les bordures de mangrove dépasserons
rarement 2-3 livres, mais nous offrirons des attaques nombreuses
et violentes sur nos leurres de surfaces et semi plongeants. Nous
piquerons également de petits snooks, et quelques petites
carpes rouges sur ses spots. Parfois des baby tarpons, dont le
poids variera entre 3 et 7-8 livres.
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un petit snook
pris sur un magic swimmer |
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un baby tarpon |
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un insolite ;-) |
Les 2-3 jours suivants,
nous aurons la chance de piquer de nombreux tarpons, la plupart
décrochés, mais qui nous laisseront des souvenirs
fantastiques. Nous ferons nos premières armes sur les snooks
à la mouche à vue, et Neoom nous fera une belle
démonstration de ses talents de moucheur en piquant un
joli poisson de 8 livres environ apres un combat d’une dizaine
de minutes. En parlant de combats, en pêchant avec du matériel
light comme nous l’avons fait, chaque poisson dépassant
les 4-5 livres ne se livrera que rarement avant 5-10 minutes de
lutte. Sur des poissons comme le tarpon ou le snook qui font de
nombreux sauts, la moindre erreur se paie cash et vous fera perdre
votre prise. Je décrocherai ainsi quelques jolis poissons
dont un snook estimé à 10 livres apres un combat
de près de 6 minutes !
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pêche à
la mouche le long des palétuviers |
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il faut rester
patient en attendant de repérer un poisson... |
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et ça paye! |
Nous piquerons également quelques orphies géantes
sur des chasses, capables de vous sortir une dizaine de mètres
de tresse du moulinet, et dont la dentition laissera des marques
indélébiles sur nos wanders et autres water monitors,
à l’instar des barracudas.
A la fin de la première
semaine de pêche, le bilan est bon. Il ne nous manque plus
que quelques poissons trophés pour nous combler pleinement.
Nous entamons la deuxième semaine un peu fatigués,
mais avec un moral au beau fixe ! Les poissons semblent moins
nombreux mais de belle taille. Ainsi, lors d’une sortie
sur un bras de rivière, Neoom piquera un snook de 17 lbs
(8.5kg), qui attaquera un leurre « stick flat blood series»
de la marque Sébile. Le poisson livrera un combat dantesque
d’une bonne dizaine de minutes et nous gratifiera de quelques
sauts mémorables alors qu’il était sur le
point de se rendre. Comme quoi un combat avec ces poissons là
n’est jamais gagné d’avance.
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un superbe snook
de 8.5 kg |
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les hameçons
du leurre stick flat ont souffert durant le combat |
Le stick flat blood est
un leurre sans bavette avec un liquide rouge à l’intérieur
sensé imiter du sang. Il s’est révélé
d’une grande efficacité sur les différents
poissons présents (essentiellement tarpons, snooks, barracudas
et carangues) et sera à l’origine de la moitié
de nos plus belles prises. Malheureusement il est très
fragile, et les 3 leurres que j’avais acheté pour
le séjour, lacherons un à un sur les rushs des poissons
(casse au niveau des fixations à l’avant et l’arrière
du leurre). Sur ses destinations pêche, la moindre faiblesse
au niveau du matériel se paye comptant. C’est d’ailleurs
un problème cornélien car ce sont souvent les leurres
de taille petite à moyenne qui se sont révélés
les plus pêchant (entre 8 et 14cm).
Je finirai moi aussi par
prendre un gros snook, de 11 lbs (5.5 kg), toujours sur le stick
flat Sébile.
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snook de 5.5 kg
pris sur un stick flat Sébile |
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remarquez la taille
de la gueule du poisson |
Il nous reste encore 2 objectifs à remplir, prendre un
joli tarpon et un barracuda de belle taille.
Les jours suivants, nous
axons donc notre recherche sur ces objectifs. Nous prendront plusieurs
tarpons, d’un poids modeste compris entre 4 et 12 lbs (2
à 6 kgs), principalement en pêchant des petits bras
de mangrove où nous voyons ces poissons « rouler
» sous la surface. En fait, ils viennent en surface chercher
de l’air, d’où l’expression de rouler…Nous
constatons qu’il est beaucoup plus difficile de les piquer
correctement avec de gros leurres plutôt que des petits,
et il faut trouver le bon compromis entre robustesse de l’hameçon
(des ST41 se font ouvrir en moins de deux) et piquant…
 |
baby tarpon de
3.5 kg environ |
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baby tarpon de
6 kg environ |
Question barracudas, le bilan est pour le moment mitigé,
nous avons touché des dizaines de poissons de taille modeste
(inférieure à 2 kg), mais pas moyen de trouver les
gros.
Selon Alex, les pluies
tombées depuis le début du séjour en sont
la raison, les palétuviers filtrant l’eau douce et
mettant ainsi un peu de temps avant que l’eau retrouve une
salinité normale. Nous changeons donc notre fusil d’épaule
et tentons sur des postes plus profonds, env 5-6m, sur des postes
de passage en sortie du cul de sac marin. Ce sont des postes où
il y a un peu de courant, et où les poissons sont obligés
de passer.
Nous optons pour de gros leurres de surface bien bruyant, type
gros miss carna violet, et ne tarderons pas à avoir des
résultats. Neoom notamment, qui subit une attaque d’une
violence inouïe, le poisson (probablement un thasard) faisant
un bon de 2-3 mètre avec le leurre en gueule avant de se
décrocher !!!Une attaque qui vous laisse pantois pendant
quelques minutes…
Nous verrons enfin les premier gros barracudas du séjour,
près de 7-8 kgs pour certains mais ceux-ci se contenterons
de suivre nos leurres. Afin de vérifier la population habitant
les lieux, nous décidons de tenter notre chance à
la traine avec des leurres semi plongeant « k-ten ».
Au bout d’à peine 5 minutes, j’enregistre une
attaque qui manque de m’arracher la canne des mains, ferrage,
le poisson est bien au bout et me fait des rushs de folie. Le
saltiga donne du fil et après plusieurs minutes de combat
âpre, c’est un spanish maquerel (maquereau espagnol)
qui se rend. C’est un poisson de la famille des thonidés
à la défense puissante comme la quasi-totalité
de ses congénères.
 |
le spanish maquerel
a une sacré défense! |
10 minutes plus tard, c’est au tour
de Neoom de se faire atteler, mais cette fois la défense
semble plus « lourde ». Et c’est enfin un joli
barracuda qui se livrera à nous épuisé. Il
faut dire que le poisson était piqué sur le côté,
ce qui a surmultiplié la force du combat. Photo puis remise
à l’eau comme pour tous les poissons du séjour.
Le no kill est une règle d’or sur le bateau d’Alex.
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le plus joli barracuda
du séjour |

Les derniers jours approchent, le temps passe si vite qu’il
me semble que nous ne sommes arrivés que depuis 2-3 jours…Bien
qu’étant venus avec du matériel 100% spinning,
nous demandons à Alex s’il serait possible de tenter
quelques bonefishs à la mouche sur les flats. Nous aurons
la chance de prendre chacun un bonefish, grace au guidage d’Alex
qui nous mettra dans les meilleures conditions . Je dois dire
que je n’avais jamais vu un poisson aussi puissant sur le
premier rush. Il est capable de vous sortir entre 30 et 80m de
ligne du moulinet !!!
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bonefish de 4-5
livres |
Les 2 derniers jours, nous tombons sur une chasse. La présence
de nombreux pélicans ne trompe pas, Alex est persuadé
que les tarpons ne sont pas loins… Et le ferrage de Neoom
puis le saut d’un joli tarpon de 20 livres ne le fera pas
mentir. Le combat s’engage tout en force, il faut dire que
Neoom pêche avec une canne 10-30 grammes , une tresse de
17/100eme et un petit shimano symetre 2500 ! Ce n’est qu’au
bout de 45mn d’une bagarre épique que le poisson
finira par se rendre, les hameçons du wander sont tous
ouverts, mais ça a tenu.
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tarpon de 10 kg |
 |
et la remise à
l'eau |
Une heure plus tard bis
repetita, cette fois-ci sur un water monitor. Le tarpon nous gratifie
de nombreux sauts, mais cette fois Neoom tente d’écourter
le combat en force. Malheureusement le poisson se décroche
sur une énième chandelle. Nous constatons rapidement
la cause de ce décrochage, le leurre a littéralement
explosé, les triples (pourtant renforcés) sont tous
cassés et les anneaux brisés sont ouverts…

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les hameçons
et anneaux brisés ont été mis à
rude épreuve |
D’autres poissons seront capturés
sur cette chasse, dont de combatifs yellow tail et texas snappers
aux couleurs magnifiques.
 |
yellow tail snapper |
 |
texas snapper |
Le séjour arrive à son terme, nous finissons fatigués
mais heureux par ces 15 jours de pêche dans ce lieu magnifique
qu’est le grand cul de sac marin. Un grand merci à
Alex pour nous avoir guidé à la perfection et permis
de piquer tous ces poissons dans un environnement paradisiaque.




 |
contraste entre
les flats de sable blanc et les fonds d'herbes à
tortue |



Si vous aussi vous souhaitez pêcher une ou plusieurs journées
avec Alex lors d'un séjour en Guadeloupe, n’hésitez
pas à le contacter par mail : alexis@ekwatafly.com .
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